D’où vient le Muay Thaï ? Bien sûr, la réponse évidente est simplement « Thaïlande » et ne répond pas au pourquoi et au comment des arts martiaux. Historiquement, ce que beaucoup considèrent comme le plus dévastateur de tous les arts de la frappe trouve ses racines dans les années de formation du pays et sur le champ de bataille. Outre les épées, les boucliers et les armes conventionnelles, l’utilisation systématique des points les plus durs du corps est devenue connue sous le nom de boxe thaïlandaise classique.
Un extrait du célèbre manuel de Muay Thai « Le plus grand art martial » de Panya Kraitus dresse un tableau incroyable des premières techniques de boxe thaïlandaise utilisées par le légendaire guerrier Broken Sword Phraya Phichai :
« Il était le commandant en chef de l’armée qui a conduit le peuple à résister courageusement à l’ennemi sans penser à la possibilité de sa propre mort. Par amour pour son pays, il s’est battu courageusement jusqu’à ce que son épée se brise. Il l’a jeté et a continué le combat à coups de poings, de genoux et de coudes. Grâce à sa connaissance de la boxe thaïlandaise, il est sorti vivant et victorieux de la bataille.
Mythe? Légende? Vérité? Qui peut le dire avec certitude. Une chose est sûre : le Muay Thai est unique dans sa manière de « suivre » un coup de poing, très proche des techniques d’armes de l’époque.
Muay Boran
Muay Boran est un terme collectif désignant le style d’arts martiaux thaïlandais et était le nom original du Muay Thai avant l’introduction des règles du sport dans les années 1930. Le Muay Boran englobe à la fois les styles de combat à mains vides et armés (Krabi Krabong) des arts martiaux thaïlandais. Les combattants ont simplement enveloppé leurs mains dans des cordes pour se protéger. On peut comprendre pourquoi des règles plus strictes ont été introduites à mesure que le combat gagnait en popularité au niveau national et international.
Le Muay Boran était à l’origine la « science des 9 membres ». Les jambes, les genoux, les coudes et les poings effectuent les 8 attaques de membres que nous connaissons aujourd’hui, mais à l’origine, l’utilisation des coups de tête était également autorisée. Dans tous les livres disponibles sur le Muay Boran, vous trouverez de nombreux exemples de techniques qui ne sont peut-être plus autorisées en Muay Thai aujourd’hui. Les coups de tête volants et même les prises au sol, comme dans le Jiu Jitsu brésilien, étaient auparavant inclus.
Nai Khanom Tom
L’un des récits les plus célèbres de l’histoire du Muay Thai est celui du célèbre boxeur thaïlandais Nai Khanom Tom. Il était l’un des nombreux prisonniers emmenés chez lui lors du sac de l’ancienne capitale thaïlandaise d’Ayutthaya lors des conflits avec la Birmanie.
Selon la légende, en 1774, le roi birman ordonna une célébration de sept jours pour honorer une pagode bouddhiste dans la ville birmane de Rangoon. Les festivités comprenaient également une représentation royale d’un combat entre boxeurs thaïlandais et combattants birmans « lethwei » pour démontrer la domination absolue des arts martiaux birmans.
Le premier jour des célébrations, Khanom Tom a été comparé à un boxeur birman. À la grande confusion de la foule, juste avant le début du combat, il a commencé ce qui semblait être une danse complexe autour de son adversaire. L’arbitre a annoncé que cela s’appelait Wai Kru, une danse que nous connaissons aujourd’hui comme une danse d’échauffement et d’étirement, comme un geste symbolique de remerciement envers la foule, l’adversaire et le professeur, les parents et les ancêtres du combattant, et comme un attaque psychologique contre l’ennemi.
Lorsque le signal du début du combat fut donné, Nai Khanom attaqua Tom avec une volée de coudes et de genoux si féroce qu’il expédia rapidement son adversaire birman. L’arbitre a jugé cela injuste et a déclaré que le boxeur birman avait été distrait par la « magie noire » du Wai Kru. Khanom Tom a été contraint d’affronter successivement neuf autres boxeurs birmans. Chacun d’eux a été séparé un par un, y compris un instructeur de boxe local qui aurait subi sa défaite en recevant des coups de pied dans les jambes, un phénomène courant dans les compétitions modernes de Muay Thai. En réponse à sa victoire dévastatrice, le roi birman a récompensé Khanom Tom, ajoutant que « chaque partie du corps siamois (thaïlandais) est bénie par le poison », une phrase encore entendue aujourd’hui dans la communauté thaïlandaise.
modernisation
Il existe une poignée d’histoires fantastiques comme celle de Nai Khanom Tom qui remplissent les livres d’histoire thaïlandaise. Une autre belle histoire est celle de deux frères français qui visitèrent la Thaïlande en 1788. Ils ont voyagé de ville en ville pour se défier jusqu’à ce qu’ils soient finalement « sévèrement humiliés » par un célèbre combattant de Muay Thai de l’époque, Muen Phlaan, connu pour ses frappes et ses « compétences en lutte » (très probablement une version du corps à corps, tel que nous le connaissons aujourd’hui) était célèbre.
Au fur et à mesure que le temps passait et que la Thaïlande devenait de plus en plus importante pour le monde, des événements majeurs étaient régulièrement organisés au cours desquels les combattants de Muay Thai s’affrontaient pour l’argent et la gloire. Dans les années 1920, le roi Rama VII a lancé ce processus de modernisation en construisant un ring de boxe de style occidental pour les compétitions de Muay Thai à Suan Kularb, Bangkok.
Des arbitres, des tours, des délais en minutes et des gants ont été introduits. Ces règles ont rendu obsolètes de nombreuses techniques originales de Muay Boran et d’autres ont été complètement interdites. Bientôt, l’art ancien tomba en déclin et le Muay Thai connut un regain de popularité. Le Muay Thai est devenu pour beaucoup un moyen de sortir eux-mêmes et leurs familles de la pauvreté, et les combattants se sont rapidement fait connaître sur la scène mondiale.
Finalement, le Muay Thai a atteint ce que l’on appelle « l’âge d’or » entre le milieu des années 80 et la fin des années 90. Beaucoup des meilleurs combattants de Muay Thai d’aujourd’hui ont été formés par ces combattants de l’ère d’or, et les fières racines du Muay Thai peuvent encore être ressenties avec eux aujourd’hui.
Alors la prochaine fois que vous vous banderez les mains pour vous entraîner, pensez un instant aux combattants de Muay Thai devant vous et soyez fier de représenter un art martial aussi ancien et « respecté » avec une histoire si riche et vibrante.
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